4 constats forts de la rencontre européenne « Nos campagnes en résilience »

Xavier Hamon, Président de Alliance des Cuisinier·e·s, Aurélie Mézière, Maire de Plessé, et Hannes Lorenzen, Président de ARC2020

Fin 2022, la rencontre européenne « Nos campagnes en résilience » à Plessé (44) a rassemblé des agriculteurs, des cuisiniers, des élus, des analystes, des militants ruraux, des bénévoles et d’autres personnes issues des mouvements locaux et européens d’agroécologie et de résilience rurale. L’objectif : Co-construire l’avenir de la transition socio-écologique. Les échanges et les réflexions approfondies se sont complétés par un programme d’immersion dans le terrain, avec  des visites  de la CUMA Plume Chat Huant,  de la Mairie de Plessé, et de l’ISSAT, un lycée agricole de Redon. Le point culminant a été une journée d’échanges sincères et animés au GAEC La Ferme des 7 Chemins, suivi d’une dégustation de produits locaux et saisonniers lors d’un banquet populaire à midi et d’un apéro-concert le soir. Oliver Moore partage ses impressions de ce temps fort.

Intro

D’un point de vue territorial, la résilience, dans un contexte de transition sociale et écologique, peut comprendre certains des éléments suivants :

  • Développer le bien-être individuel et territorial. 
  • Cultiver les liens aux niveaux des collectivités, des institutions, et les relations politiques de manière plus générale.
  • Repérer et développer des opportunités de coopération à tous les niveaux du monde politique agroalimentaire et rural.
  • Développer une culture profonde et sincère d’engagement critique et de création d’alliances.
Les producteurs laitiers membres de coopératives agricoles ont parfois le temps de chanter, notamment lors d’événements organisés dans leur propre exploitation. Sur la photo : Mathieu Hamon, agriculteur et chanteur (centre) avec le Duo Hamon-Martin

Bien-être individuel et territorial 

Dans le cadre du modèle économique actuel, l’agriculture est généralement synonyme de croissance, d’endettement, de spécialisation, d’utilisation d’intrants agro-industriels lourds et d’enfermement dans le système en fonction des machines, des bâtiments, des emprunts et des systèmes de production adoptés. Tout cela se produit dans un contexte d’exode rural et d’isolement croissant pour les quelques agriculteurs restants, à mesure que les zones rurales sont abandonnées. 

Mais il ne devrait pas forcément être ainsi. A plusieurs reprises, nous avons rencontré différentes approches du bien-être individuel et territorial. Les associés du GAEC la Ferme des 7 Chemins vivent bien, tout comme les personnes qui les entourent. Le travail est dur, même avec une salariée à leurs côtés … Mais on prend des vacances, et on profite du temps libre : un des associés est paysan-chanteur.

De plus, il est réconfortant de voir les cuisiniers faire à manger dans le terrain, dans les bâtiments de la ferme. Ces interactions permettent de tisser les liens, car les cuisiniers utilisent les produits de la ferme pour nourrir les gens. A la Ferme des 7 Chemins, il y aura bientôt 4 associés, car un stagiaire, spécialiste des porcs, intègre le GAEC : ainsi de nouvelles personnes sont accueillies au bercail, apportant de nouvelles idées pour diversifier les activités et les revenus.

La modératrice Julia Csergo et les panélistes : Maëla Naël, agricultrice et auteur, Antoine Chepy, cuisinier et restaurateur, et Cédric Briand, agriculteur et fromager à la Ferme des 7 chemins.

Synergies 

Lorsqu’un territoire tend à de l’autosuffisance tout en prenant compte des questions socioécologiques globales, on assiste forcément à la coopération, au tissage de relations institutionnelles et à la création d’alliances. 

Et lorsqu’un réel effort se produit pour faire face à la longue histoire de la race, de la classe et du genre, c’est un plus pour le bien-être au niveau individuel.

Un exemple simple s’est montré lors des tables rondes de l’Alliance des cuisinier.ères qui ont eu lieu à la Ferme des 7 Chemins dans le cadre de la rencontre européenne. Grâce au taux croissant d’agricultrices en activité, elles commencent à poser de nouvelles questions – par exemple, pourquoi on utilise les sacs qui pèsent 50 kg ? Par conséquent, les agriculteurs, hommes, s’interrogent : pourquoi eux, depuis toujours, portent des sacs de 50 kg ? Plus on invite d’autres voix à la table, plus on en profite toutes et tous.

Discussion sur l’accès aux terres. De gauche à droite : Leïla Thominiaux, 2ème vice-présidente de l’Etablissement public foncier (EPF) ; Ronan Dantec, sénateur français ; Liliane Piot, co-présidente de Terre de Liens Pays de la Loire ; Hannes Lorenzen, président d’ARC2020 ; Benoît Biteau, député européen ; Mathieu Willard, analyste des politiques de la PAC, ARC2020 ; Jean-Pierre Hamon de la SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural). 

Cultiver les liens aux niveaux des collectivités, des institutions, et les relations politiques de manière plus générale.

Lorsque les politiques, soit au niveau national ou européen, ne sont pas adaptées, les collectivités comme Plessé montrent que la montée en capacité au niveau local et régional est bien possible. Nous avons vu les possibilités de fonctionnement issues de la cultivation des liens, des structures, aux niveaux des collectivités, des institutions,  et de relations politiques plus générales. 

Il est important d’être judicieux en cultivant ces liens. Car les acteurs politiques puissants peuvent aussi bien freiner que favoriser, comme l’a constaté le Consortium de l’alimentation durable à Redon. Dans le même temps, la municipalité de Plessé a vu le développement d’initiatives multipartites telles que la PAAC (la Politique agricole et alimentaire communale),  qui vise à retenir les terres agricoles de la commune, et facilite des initiatives telles que les cafés installation / transmission. Sur la commune, la Moulinette Plesséenne applique sur le terrain les ODD qui encadrent la PAAC.

Les structures rencontrées (institutions, statuts) présentent des opportunités et des contraintes. 

  • Les SAFER (Sociétés d’aménagement foncier et d’établissement rural) veillent sur l’impact potentiel des ventes de terres. 
  • Les GAEC (Groupement Agricole d’Exploitation en Commun) permettent des installations citoyennes au-delà du modèle traditionnel de l’exploitation familiale ; 
  • La SCOP (Société Coopérative Ouvrière de Production) permet aux transformateurs d’aliments de former des structures coopératives, 
  • Terre de Liens met les terres à disposition des agriculteurs agroécologiques. 
  • Le réseau CIVAM permet des formations innovantes pour les personnes intéressées par des sujets comme, par exemple, aux circuits-courts.
La Moulinette Plesséenne

En invitant l’implication citoyenne, toutes ces structures ont la possibilité de faire avancer la transition. Chose que l’on ne trouve pas ailleurs. De nombreuses régions en Europe manquent de mécanisme de veille sur les ventes de terres ou la transmission, qui intègre des réflexions sur les impacts non-financiers pour le territoire. On manque de statuts coopératifs relativement accessibles qui permettent d’aller au-delà du modèle typique d’exploitation agricole familiale, ou de créer des restaurants citoyens. On manque un historique de formation progressive. On manque de structures coopératives pour réduire les coûts et maximiser l’efficacité agricole de manière collective. 

Lors des tables rondes de l’Alliance des cuisinier.ères, nous avons entendu 2 témoignages de cuisiniers heureux qui avaient dépassé le modèle du chef héroïque (soit l’exploitation de la main-d’œuvre en restaurant familiale, soit la dure réalité des grands restaurants à but lucratif), pour se tourner vers la restauration populaire. Il est important de noter que ces établissements se situent dans des cadres institutionnels, en l’occurrence des théâtres municipaux qui abritent des restaurants. 

Dans ces 2 cas, des partenariats étaient possibles entre les agriculteurs et les cuisiniers, tandis que le statut à but non lucratif et le soutien municipal constituaient en fait un point d’ancrage pour la transition. 

En prenant du recul, au-delà de ces initiatives locales et régionales, il existe des opportunités aux niveaux national et européen, notamment via LEADER, les partenariats d’innovation européens et les projets de coopération dans le cadre de la PAC. En effet, les opportunités existent à tous les niveaux. Cependant, à tous les niveaux, il faut agir de manière réfléchie et stratégique, prenant en compte les risques et les clivages de pouvoir, car ceux-ci peuvent constituer à la fois des leviers et des freins.

Parmi d’autres, ce travail est important à cause de la question incontournable de l’accès aux terres. Alors que certaines régions en Europe affichent un taux très élevé de terres agricoles en location, ailleurs on constate un fort pourcentage d’agriculteurs propriétaires de terres qu’ils cultivent. De toute façon, la capitalisation du foncier, sauf en cas de plafonnement du prix de vente, a tendance à faire augmenter les coûts de fermage, constituant donc en fin de compte une barrière à l’installation. En d’autres termes, c’est tout simplement inaccessible ou inabordable pour la plupart des porteurs de projet. 

À cette fin, bien que la démarche de contrôle de la vente de terres par les SAFER soit controversée, contestée et source d’une certaine frustration en France, il est néanmoins préférable de le disputer que de rester sans démarche, comme c’est le cas dans une grande partie de l’Europe.

Nous avons visité l’agence de Plume Chat Huant de la coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA), l’une des cinq agences CUMA de la commune de Plessé.

Repérer et développer des possibilités de coopération à tous les niveaux du monde politique agroalimentaire et rural.

L’instauration d’une culture de l’entraide peut permettre de bâtir les territoires résilients. Là encore, il existe des opportunités et des contraintes. Les CUMA sont un exemple fascinant de la coopération entre agriculteurs, qui mettent en commun leurs compétences et leur matériel, à une échelle que l’on ne retrouve pas ailleurs en Europe.

Nous avons appris qu’il y a 202.000 membres de CUMA en France, et en Loire-Atlantique, il y a 180 CUMA qui ont 5.000 membres et 220 salariés. 

La CUMA que nous avons visitée était impressionnante par l’étendue et l’organisation de l’équipement, et elle présentait d’autres éléments en résonance avec une transition socio-écologique. Dans une région où déjà un impressionnant 20% des exploitations sont en agriculture biologique, 70% des membres de la CUMA sont en AB. Le matériel pour une agriculture plus écologique est donc accessible. Et souvent, les échanges informels permettent aux agriculteurs conventionnels de découvrir les alternatives. Au désherbant, par exemple – « c’est cette machine là-bas, essaie-la si tu veux. » En parallèle on échange sur d’autres thématiques comme le prix des engrais. Cette dynamique d’échanges est importante pour permettre d’assurer le bien-être des agriculteurs, dont le métier est souvent isolé, pouvant induire un repli sur soi.

À l’atelier de la CUMA, où les membres peuvent travailler ensemble sur les réparations.

Bien que nous n’ayons eu qu’un aperçu du quotidien de la CUMA, l’équilibre entre les sexes y semblait raisonnable. Il était rafraîchissant de voir des femmes sur les grosses machines – tracteurs et autres – car souvent il est plus difficile pour les femmes d’approcher les machines agricoles.

Il était également intéressant de voir l’importance de la programmation, de la gestion du temps et de la banque de temps pour le travail. Au-delà du matériel, la main-d’œuvre est également à disposition. C’est un très bon signe qui reflète la bonne volonté des adhérents de la CUMA.

Une coordination bien organisée est le cœur d’une CUMA.

« Path dependency? » Ça dépend

Au sein de notre groupe, des échanges profondes ont eu lieu sur la « path dependency » :  la notion que, en construisant ou achetant du matériel qui est adapté aux certaines pratiques, puis en obtenant des prêts pour soutenir ces pratiques, on risque de s’enfermer dans ce système, même si, d’ici quelques années, il n’a plus aucun sens. 

Un échange fascinant car ici la CUMA pourrait à la fois encourager et limiter la « path dependency ». Car d’une part, à cause du taux important d’adhérents en agriculture biologique dans cette CUMA, de nombreuses machines sont soit généralistes, soit spécifiques à la production biologique ; ainsi, l’investissement régulier dans de nouveaux équipements agro-écologiques fait partie sans doute de son fonctionnement. 

Un sarcloir mécanique dans une CUMA

A l’autre main, à la CUMA on se concerne surtout des grosses machines, qui sont liées aux investissements importants. En plus, on a les salariés chargés de l’entretien de ces machines, et d’assurer d’autres tâches liées. Par ailleurs, une machine n’est pas la solution à tous les problèmes. Comme le dit le vieil adage, quand on a un marteau, tout ressemble à un clou. Comment un territoire pourrait-il s’investir davantage dans des pratiques agroécologiques, voire intégrer davantage de polyculture ou de maraîchage, où ceci se révèle pertinent, s’il a déjà réalisé un tel investissement matériel ? Autrement dit : c’est pour quand déjà, la transition ?   

Est-ce que le parc de matériel d’une telle envergure, d’une telle qualité, résulte par enfermer les agriculteurs dans une solution mécanique – même si une solution sociale pourrait être adaptée ? 

Un peu de stock à la CUMA

Par exemple, en maraîchage, hormis le désherbage mécanique, il y a le désherbage à plat – une pratique qui nécessite la main d’œuvre des personnes travaillant sur la ferme, des stagiaires, ou d’autres personnes investies.

Si nous accordons de l’importance à la revitalisation des campagnes, tout en impliquant les jeunes qui souhaitent se former en pratiques agroécologiques diverses, ces pratiques de désherbage peuvent également avoir leur place. Bien sûr, cela semble demander beaucoup de travail, mais c’est à la fois une bonne et une mauvaise chose, selon le point de vue.

Ce type de désherbage peut sembler désuet, mais voici un exemple de sa mise en pratique. En Irlande je suis bénévole dans une ferme citoyenne. Là, nous accueillons 8 stagiaires (18-30 ans) chaque année, pour une formation en maraîchage. Un budget est alloué à chaque stagiaire, dont une partie finance les salaires des responsables. Le programme assure un riche environnement propice à l’apprentissage, tout en disposant de suffisamment de temps libre pour travailler sur des projets et tisser les liens sociaux. 

Néanmoins, chaque territoire a ses spécificités, et les besoins agricoles, alimentaires et ruraux diffèrent d’un lieu à l’autre. Éventuellement une CUMA pourrait intégrer une telle approche sociale. 

Comme ce fut le cas si souvent au cours de ce week-end, nous avons été ravis de pouvoir participer à de véritables échanges, avec des CUMA dynamiques et opérationnelles, plutôt que de déplorer le manque de coopératives d’utilisation de matériel, comme c’est le cas dans une grande partie de l’Europe.

Alliance des cuisinier.e.s à la ferme

Développer une culture profonde et sincère du discours politique et de la construction d’alliances.

Parfois, il peut être un peu déroutant d’être confronté au langage fort et aux révélations franches. Cependant, une écoute profonde et une volonté d’aborder les questions difficiles peuvent également être considérées comme la marque d’une relation avancée. 

À cet égard, le samedi à la Ferme des 7 Chemins, la table ronde sur la violence dans la cuisine a été très utile. Il est important de développer une compréhension des micro-agressions et de leur fondement dans les réalités sociétales plus larges des déséquilibres de pouvoir découlant de la race, de la classe sociale et du sexe. 

Les cuisiniers ont parlé du stress que subissent les familles, jusqu’à la rupture des relations et le divorce, lorsque les petits restaurants familiaux continuent d’exploiter les personnes – journées de travail très longues, travail les jours fériés, etc. Un autre cuisinier a témoigné avoir été victime d’insultes racistes comme adolescent ; par la suite, pendant de nombreuses années, il n’a plus osé rentrer en cuisine.  

L’émergence d’une culture solidaire du travail dans ces structures collectives plus humaines, ou les associations des cuisiniers et des agriculteurs gèrent des restaurants populaires, vient en contraste à la tristesse que peut provoquer le restaurant familial ou les grands restaurants ancrés dans une démarche capitaliste à but surtout lucratif.

On a évoqué le prix solidaire, nouvel outil qui constitue un petit pas vers la correction des inégalités économiques. Il existe également d’autres manières de partager le fardeau, par exemple le service solidaire (auto-service ou débarrassage dans les cuisines populaires ou coopératives). Approche comparable au choix de s’imposer un taxe pour répondre aux besoins locaux, afin de faire preuve de solidarité.

Il reste encore du travail à faire pour examiner les vestiges du colonialisme, du patriarcat et des hiérarchies de classe, qui durent depuis plusieurs générations. Un travail incontournable pour que chacun ait sa place dans une transition juste. Car les avancées vers un monde plus écologique sont en marche – même si elles sont lentes. La « transition juste » présente donc une opportunité, pas seulement d’éviter les crises, mais de réinterroger les pratiques.

Pas mal de foin et des équipements CUMA à la ferme.
Que signifie la transition socio-écologique pour vous ? Assembler les pièces du puzzle.

Partout, c’est spécifique

Autre constat : bien que soumis aux pressions globales – sociales, économiques et écologiques – chaque territoire est unique. A Plessé, nous avons rencontré un système bien spécifique de valorisation des terres, de coopératives répandues, d’implication citoyenne, de dialogue et de construction d’alliances.

Par la suite, en partant des constats ci-dessus, il va falloir prendre en compte les spécificités du territoire. Car ce qui semble possible à Plessé, ou en Loire-Atlantique, ne sera pas forcément adapté à un autre territoire. Néanmoins, on trouve ici certaines pratiques sociales innovantes  qui constituent des propositions intéressantes pour d’autres territoires.

Tirer des conclusions de l’événement

Quelle importance ?

Plessé – territoire rural concerné par les questions agroalimentaire, qui entame les possibilités de coopération et de partage – fait penser à une vieille notion : l’entraide. Elle sous-entend chacun des 4 constats évoqués ci-dessus – le bien-être dans son territoire, les relations avec les institutions, la coopération généralisée, l’implication et la création d’alliances. Tant d’itérations d’entraide comme stratégie de construction d’économies solidaires.

Ce travail d’implication territorial et institutionnel correspond aux idées développées dans le monde anglophone à Cleveland et Preston (Royaume-Uni). Dans ces exemples de bien-être territorial, les institutions ont un rôle à jouer : pour ancrer la transition du territoire, de manière sûre et solidaire, en contribuant à l’économie circulaire locale, dans la mesure du possible. Et dans ces cas, le commerce circulaire local a augmenté d’année en année. Ici en Loire-Atlantique, on a adapté ces propositions à un contexte bien spécifique. 

Le partage est efficace, comme le montre l’exemple de la CUMA, car il permet de réduire les coûts et d’améliorer la qualité, ce qui est bénéfique en aval des circuits, au moment où le mangeur fait son choix. De même, les restaurants populaires pourraient intégrer des notions de solidarité pour rendre les prix plus abordables. Et lorsque les acteurs coopèrent – agriculteurs et cuisiniers, CUMA et restaurants populaires – l’impact est accru. 

Souvent, le langage de l’efficacité est celui de la croissance pour le plaisir de la croissance, dans une optique capitaliste. Ici à Plessé, dans un cadre de bien-être territorial, d’entraide et de la solidarité, on constate que les coûts, tout comme les avantages, sont partagés de manière plus équitable.

Autre constat de ce week-end :  On a peu traité de questions écologiques. Ce n’est pas parce qu’elles étaient considérées comme sans importance. On avait plutôt l’impression qu’une orientation écologique était sous-entendue par tous, comme une valeur à la base de la rencontre. Ce qui a laissé la place aux questions pratiques : la mise en œuvre de pratiques plus écologiques, d’une manière plus juste et plus sociale. C’est un très bon signe.

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About Oliver Moore 213 Articles

Dr. Oliver Moore is the communications director and editor-in-chief with ARC2020. He has a PhD in the sociology of farming and food, where he specialised in organics and direct sales. He is published in the International Journal of Consumer Studies, International Journal of Agricultural Resources, Governance and Ecology and the Journal of Agriculture, Food Systems, and Community Development. A weekly columnist and contributor with Irish Examiner, he is a regular on Countrywide (Irish farm radio show on the national broadcaster RTE 1) and engages in other communications work around agri-food and rural issues, such as with the soil, permaculture, climate change adaptation and citizen science initiative Grow Observatory . He lectures part time in the Centre for Co-operative Studies UCC.

A propos d'Oliver Moore
Oliver voyage beaucoup moins qu’auparavant, pour ce qui concerne son activité professionnelle. Il peut néanmoins admirer par la fenêtre de son bureau les mésanges charbonnières et les corbeaux perchés au sommet du saule dans le jardin de sa maison au cœur de l’écovillage de Cloughjordan, en Irlande. L’écovillage est un site de 67 acres dans le nord du Tipperary. Il comprend d’espaces boisés, des paysages comestibles, des lieux de vie, d’habitation et de travail, ainsi qu’une ferme appartenant à la communauté. Les jours où il travaille dans le bureau du centre d’entreprise communautaire, il profite d’une vue sur les chevaux, les panneaux solaires, les toilettes sèches et les jardins familiaux. 

Ce bureau au sein de l’écovillage constitue en effet un tiers-lieu de travail accueillant également des collaborateurs des associations Cultivate et Ecolise, ainsi qu’un laboratoire de fabrication (« fab lab »). 

Oliver est membre du conseil d’administration de la ferme communautaire (pour la seconde fois !) et donne également des cours sur le Master en coopératives, agroalimentaire et développement durable à l’University College Cork. Il a une formation en sociologie rurale : son doctorat et les articles qu’il publie dans des journaux scientifiques portent sur ce domaine au sens large.

Il consacre la majorité de son temps de travail à l’ARC 2020. Il collabore avec ARC depuis 2013, date à laquelle l’Irlande a assuré la présidence de l’UE pendant six mois. C’est là qu’il a pu constater l’importance de la politique agroalimentaire et rurale grâce à sa chronique hebdomadaire sur le site d’ARC. Après six mois, il est nommé rédacteur en chef et responsable de la communication, poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. Oliver supervise le contenu du site web et des médias sociaux, aide à définir l’orientation de l’organisation et parfois même rédige un article pour le site web. 

À l’époque où on voyageait davantage, il a eu la chance de passer du temps sous les tropiques, où il a aidé des ONG irlandaises de commerce équitable – au Ghana, au Kenya, au Mali, en Inde et au Salvador – à raconter leur histoire.

Il se peut que ces jours-là reviennent. Pour son compte Oliver continuera de préférer naviguer en Europe par bateau, puis en train. Après tout, la France n’est qu’à une nuit de navigation. En attendant, il y a toujours de nombreuses possibilités de bénévolat dans la communauté dans les campagnes du centre de l’Irlande.