
Malgré le retrait de la Sustainable Food System Law de l’agenda européen, cet automne, notre récolte des moments conviviaux et fédérateurs sur le thème de l’alimentation durable fut féconde. Parce que l’alimentation est bien plus qu’un estomac à remplir : les questions sociales (« confiées » par l’exécutif européen à chaque pays membre) sont mises au premier plan. Compte-rendu d’un trio d’évènements auxquels le projet « Rural Resilience » a participé. Rédaction : Marie-Lise Breure-Montagne.

L’Alliance des Tables Libres et Vivantes et son évènement politique « la fin du restaurant ? » : repenser le modèle traditionnel
Cette alliance regroupe 70 professionnels de la cuisine saine, locale et durable. Tous sont fédérés par une idée simple mais puissante : « changer les codes de la restauration », qu’il s’agisse d’un café restaurant en zone rurale, d’un traiteur végétarien avec livraison vélo (fourchette et bicyclette), d’une cantine de ZAD, ou d’une plateforme collaborative comme « les oiseaux de passage ». Ainsi cette coopérative de recherche-action, qui entreprend de « passer du confort au réconfort », offre des services d’hébergement et de restauration adaptés à des saisonniers, étudiants, stagiaires -autant de cibles mal prises en compte par le secteur conventionnel.
Chacun a retenu des multiples témoignages, ce qui fait résonnance avec les enjeux clés de la transition. Ainsi, Carolina VILLAR HIDALGO, qui a installé il y a près d’une décennie son restaurant à Bourg-en-Bresse, sans cartes ni menu et avec des mangeurs fidèles : « à cette échelle [18 couverts], je peux tout gérer sans voitures ; chaque jour, je donne le meilleur de moi-même ».
Des propositions concrètes comme faire évoluer la comptabilité pour tracer le « volumes d’achat vers le territoire local », et plus largement redéfinir le métier d’artisan cuisinier pour le différencier des pratiques de l’agro-industrie. Les revendications de cette association de 70 membres, présidée par Xavier HAMON (fondateur de l’Université des sciences et des pratiques gastronomiques – USPG), ont été résumées par une charte de revendications politiques en 4 points (illustrées tout au long de la journée du 16 septembre 2023).

4èmes rencontres pour une alimentation durable (de la fondation Carasso) : cibler un changement d’échelle, par la mobilisation des territoires
300 personnes inscrites en présentiel, 1500 à distance par visio, pour cette journée du 10 octobre à la Cité Universitaire de Paris : une très forte mobilisation d’associations, de territoires et d’institutionnels.
Dès l’introduction, Nicolas BRICAS, de la Chaire UNESCO Alimentation du Monde note comme tendance : « un glissement d’une entrée ‘lutte contre la précarité alimentaire’ vers la notion de démocratie alimentaire ». Quant à l’approche à suivre : « c’est plus facile de faire dialoguer au niveau des territoires qu’entre silos ministériels ».

Un programme très riche permettait de prendre connaissance des travaux de la fondation Carasso, comme l’étude : « Nouvelles formes d’accès à l’alimentation de qualité pour tous et toutes ». L’une des intervenantes a aussi précisé que la future SNANC (Stratégie nationale pour l’alimentation, la nutrition et le climat) serait connue et diffusée en décembre 2023 (au plus tôt).

L’un des temps forts de la journée a été la table ronde consacrée au Droit à l’alimentation, avec l’éclairage de deux intervenants suisses : ou comment le COVID 19 a révélé le niveau de pauvreté, dans une ville pourtant très riche comme Genève. La Caisse sociale de l’alimentation de Montpellier a été « imitée » pour construire une solution robuste.

ALTAA (Alliance pour les Transitions Agricoles et Alimentaires) : un évènement des European days « GOOD FOOD, GOOD FARMING »d’octobre 2023
« Pour des transitions à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux » : tel est le slogan fondateur du réseau d’échanges, de coopération et de proposition ALTAA, créé en 2022 et comptant déjà 230 organisations, locales et nationales. En complémentarité et bonne intelligence avec d’autres réseaux (collectif NOURRIR et RN- PAT), la priorité est « d’accélérer l’évolution des environnements alimentaires afin de faciliter la transition de notre alimentation vers des assiettes plus durables et plus végétales ».
Pour ces premières rencontres, parmi les informations, la liste des 5 porteurs d’actions pilotes : le projet européen Plan’eat kids et sonLiving Lab (INRAE) ; l’école municipale de cuisine de la ville de Rennes ; la Ville de Mouans Sartoux et ses actions vers la restauration commerciale ; la sécurité sociale alimentaire des étudiants de Bordeaux ; le Système Ménadel de l’Agglo Lens Liévin (financé par des fonds Inter-Reg).

Quelles que soient les difficultés rencontrées à Bruxelles pour tenir fermement “la fourchette” (jusqu’à la ferme), il nous semble qu’une myriade de petites mains agiles maintiennent le cap !
De 2023 à 2024, pour la deuxième phase du projet « Rural Resilience », nous portons le regard au-delà de la France, vers l’Allemagne, et d’autres pays européens. Tous ensemble pour un fort impact : cohérence entre politiques publiques dans les zones rurales.
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