Pollinisation croisée des idées du Portugal : Nos Campagnes en Résilience à Plessé

En octobre 2022, des dizaines d’acteurs européens de la résilience rurale se sont rassemblées à Plessé (44). Ana Fonseca, de la communauté agroécologique “Montado do Freixo do Meio” au Portugal a rejoint le groupe, et partage aujourd’hui ses impressions sur la philosophie et la production alimentaire de l’événement.

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Ana Fonseca (deuxième à partir de la droite) lors du rassemblement sur la résilience rurale à Plessé, automne 2022. Photo : Hannes Lorenzen

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L’invitation à rejoindre le rassemblement sur la résilience organisé par ARC2020 est arrivée de manière inattendue. À Montado do Freixo do Meio, nous avons collaboré avec ARC2020 en publiant régulièrement des nouvelles de Montado do Freixo do Meio et des articles sur divers sujets. Cependant, Alfredo Sendim, le propriétaire de la ferme, ne pouvait pas s’y rendre et m’a demandé si je voulais y aller. Bien sûr que oui, j’aime rencontrer des gens qui ont une philosophie similaire à la nôtre sur la façon dont l’agriculture devrait être, ainsi que la production alimentaire.

Est-ce que les journées sont longues ? Oui. Est-ce que nous travaillons dur les quelques jours où nous sommes ensemble pour profiter au maximum de ce temps ? Oui. Mais nous rencontrons aussi des agriculteurs très stimulants : certains le sont parce qu’ils sont jeunes et pleins d’un enthousiasme contagieux, d’autres parce qu’ils ont déjà un long passé de succès et d’erreurs qu’ils partagent avec nous avec une grande générosité, ou encore d’autres parce qu’ils ont des activités similaires aux nôtres mais ont découvert de nouvelles solutions à des problèmes que nous avons aussi. Ainsi, nous avons pu rencontrer des agriculteurs durables et résilients de régions européennes aussi différentes que l’Espagne, le Portugal, l’Irlande, la Grèce et la République tchèque.

Il était surprenant de découvrir la réalité des agriculteurs de la commune de Plessé. Les tables rondes de la journée de débats à la ferme coopérative du Buis Sonnant ont été une démonstration de la profondeur qui traverse tous les discours. Et de plus, ces débats ont démontré le courage et la sérénité avec lesquels ils abordent des questions qui, au Portugal, se promènent entre tabou et manque de reconnaissance. Les deux tables rondes de la matinée ont abordé les thèmes, respectivement, “Changeons nos représentations – du petit producteur au grand restaurant” et “La vulnérabilité des professions liées à l’alimentation, face au marché et au monde globalisé”. L’après-midi, “La violence au travail, en cuisine et dans les champs” et “Nourrir tout le monde : avec quoi et à quel prix ?” ont également été abordés. La présence constante, tout au long de la journée, de nombreux agriculteurs, de cuisiniers associés à des cantines publiques et de représentants des collectivités locales a démontré une volonté de s’attaquer à ces questions qui constituent un défi non seulement en France mais aussi dans le monde entier.

Nous avons été bien encadrés par les agriculteurs qui nous ont accueillis et ont même chanté, joué et animé la soirée, faisant danser tout le monde sur une musique d’inspiration celtique et dépenser les énergies accumulées pendant la journée.

Nous avons pu profiter des délicieux déjeuners et dîners, préparés dans une cuisine de fortune dans l’un des espaces de la ferme, situé entre le hangar de foin et la salle de traite et servis par les chefs de l’Alliance-des-Cuisiniers. Réalisés avec des produits locaux, de saison et beaucoup de créativité, ils nous ont permis d’apprécier toute la “question alimentaire”, dont les saveurs, le partage et la convivialité sont des éléments fondamentaux.

Ana Fonseca (au centre) à la ferme pédagogique de la Ducherais, lors du rassemblement sur la résilience rurale à Plessé, automne 2022. Photo : Hannes Lorenzen

Pollinisation Croisée des Idées

Certaines des expériences qui ont été partagées au cours de cette réunion sont si intéressantes et innovantes qu’elles méritent d’être reproduites au Portugal, notamment la coopérative de machines agricoles qui acquiert des machines en fonction des besoins de ses membres pour une utilisation commune. L’existence de cette coopérative permet aux agriculteurs d’avoir accès à un large choix de machines et d’équipements qu’ils ne pourraient jamais acheter individuellement. Un autre aspect intéressant de cette coopérative est le fait qu’elle représente, pour ses membres, un espace d’échange d’idées et d’apprentissage, très utile pour les jeunes agriculteurs qui apprennent encore les secrets du métier. Contrairement à ce qui est la norme dans ce type d’entité associée à l’agriculture, ces coopératives réunissent également des producteurs biologiques et conventionnels. La non-ségrégation conduit au dialogue, à l’apprentissage par la pratique et parfois à des contaminations croisées entre les différents modes de production.

D’autres pratiques et phénomènes que j’ai observés en France sont relativement similaires à ceux que je peux observer dans notre région, comme la liste électorale qui a remporté les dernières élections, composée de nouvelles personnes pleines de la volonté d’aborder les questions relatives aux minorités et à la durabilité environnementale et sociale. Cette voie est également suivie dans notre région, avec la création d’un programme électoral commun par tous ceux qui veulent participer. Cependant, dans notre région, nous n’avons réussi à convaincre que 35 personnes lors des dernières élections.

En plus d’explorer divers exemples associés à la question de l’alimentation dans la réalité locale de la commune de Plessé et de rencontrer des collègues de différentes parties de l’Europe, nous avons pu réfléchir aux leçons apprises, aux forces et aux faiblesses de notre activité et aussi aux messages importants à transmettre aux décideurs politiques sur les spécificités et les besoins de ces modes de production alimentaire sur des systèmes alimentaires locaux et résilients.

L’impression durable est de renouveler cette expérience et de se lancer dans des projets communs, avec des partenaires inspirants, pour défendre une agriculture respectueuse de l’environnement, de la biodiversité et surtout du bien-être physique et social des communautés impliquées. Bienvenue à tous qui veulent participer !

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