Du jeudi 29 septembre au dimanche 2 octobre, en Loire-Atlantique, l’équipe d’ARC2020 a organisé la rencontre européenne « Nos campagnes en résilience », en partenariat avec Forum Synergies, l’Alliance des Cuisinier·e·s, la Ferme des 7 Chemins, la municipalité de Plessé, les PEP 44 et 49 et la fondation Porticus.
Fort de la participation de 12 pays européens, le temps d’un week-end, nous avons créé un espace pour les paysans, les acteurs locaux, les organisations régionales et européennes et les décideurs politiques pour partager, réfléchir et préparer des actions pour l’avenir de nos campagnes.
Les objectifs de la rencontre ? Mettre à l’honneur et soutenir les acteurs de terrain engagés dans la transition, en facilitant les échanges entre tous ceux qui agissent sur leur propre territoire. Faciliter les échanges entre les acteurs de terrain et les personnes des institutions et organismes européens. Tirer des conclusions pour des politiques adaptées et préparer la prochaine étape du projet au niveau européen pour les deux années à venir. Parmi les thèmes abordés : l’accès à la terre, le bien-être, les contradictions de nos systèmes alimentaires …
La transition socio-écologique, c’est quoi, pour vous ? Pour nous ? Les réponses étaient variées mais faisaient souvent ressortir des thèmes dans les diverses réponses s’esquissent des thèmes qui allaient être parcourus tout au long de ces trois journées : Elle « passe par les coopératives, les bio-districts, la confiance communautaire et sociale ». Elle « permet aux gens de faire la paix avec la nature et de partager leur bien commun ». Cela signifie, « justice et liberté », ou encore la réponse à « une urgence ».
Le vendredi matin, les participants se sont répartis en trois groupes pour visiter trois institutions locales. Un groupe de participants a visité la coopérative CUMA, une façon pour les paysans de se regrouper et de partager les compétences et les équipements. Les agriculteurs de CUMA peuvent réserver du matériel appartenant à la coopérative, ce qui leur évite d’acheter et entretenir eux-mêmes du matériel spécifique et coûteux. Dans une région où un pourcentage impressionnant (20 %) des exploitations est en agriculture biologique, 70 % des membres de la CUMA travaillent sur les fermes AB. La coopérative est gérée par ses adhérents ; un associé = une voix, quel que soit le chiffre d’affaires.
La municipalité de Plessé a créé sa propre politique pour construire une juste transition à travers la mise en place de sa politique agricole et alimentaire communale (PAAC). Concrètement, la PAAC comprend des actions qui favorisent les circuits-courts, comme un nouveau magasin de producteurs et des cantines scolaires favorisant les produits biologiques locaux, ou encore la création d’une réserve foncière communale. Un deuxième groupe de participants a visité la mairie pour échanger avec les élus. Pour beaucoup d’entre eux, l’objectif est de parvenir à une véritable démocratie participative et inclusive dans leurs territoires respectifs.
Un dernier groupe de participants a visité l’Issat de Redon, un lycée agricole qui « enseigne comment produire autrement, pour les transitions et l’agroécologie ». En 2020, le lycée agricole a lancé un programme abordant les défis de la crise climatique. Cette visite a notamment permis de mettre en avant l’approche « approfondie de ces sujets par les élèves. » L’Issat favorise la création de lieux d’expérimentation et accompagne les étudiants pour affronter les défis actuels et futurs. Certains freins perdurent et notamment pour permettre le fonctionnement d’un tel lycée, l’implication de l’équipe pédagogique est essentielle.
Le vendredi après-midi, tous les participants se sont retrouvés pour la table ronde « Accès foncier : Comment trouver l’équilibre dans la répartition des terres ? » Les intervenants : Benoît Biteau, député au Parlement européen au sein du Groupe des Verts/ALE, Ronan Dantec ,sénateur de Loire-Atlantique, Leïla Thominiaux, 2ème vice-présidente de l’Etablissement public foncier (EPF), Liliane Piot, coprésidente de Terre de Liens Pays de la Loire, Mathieu Willard, analyste politique de la PAC au sein d’ARC 2020, et Jean-Pierre Hamon de la SAFER (Société d’aménagement foncier et d’établissement rural).
L’Etat étant conscient du problème de l’accès à la terre pour les paysans, il a intérêt à utiliser tous les outils juridiques à disposition, a constaté le sénateur Ronan Dantec. « On ne peut plus se comporter comme si le foncier était une source inépuisable », a rappelé Leïla Thominiaux, en appelant à la protection et à la valorisation des terres agricoles – pâturages, bâtiments et ressources.
Des organisations comme la SAFER, selon Jean-Pierre Hamon, sont des solutions pour protéger le foncier – le comité technique de chaque SAFER départementale oriente la vente des terres aux agriculteurs qui en ont le plus besoin. Cela va-t-il un peu plus loin que la PAC ? Mathieu Willard a souligné que la PAC montre à quel point la terre est vue comme une marchandise dans les réflexions européennes. Cependant il ne faut pas oublier son rôle social et culturel.
Le vendredi soir nous avons profité d’un voyage gustatif à travers l’Europe lors du buffet européen, une table partagée de spécialités que chaque participant a amené de sa région.
Le samedi, nous avons passé la journée à la ferme des 7 chemins, où les tables rondes se sont attachées à combler le fossé entre les représentations et la réalité. Exit l’imaginaire de la ferme autosuffisante, place aux collectifs de cuisine et à un niveau de vie digne pour les paysans. La vulnérabilité des métiers nourriciers face au marché et à la mondialisation : réinventer la solidarité ensemble.
Créer des histoires collectives et de la confiance. Une ferme collective permet de tisser « les liens sociaux très forts », pour devenir un « carrefour » entre ville et campagne, mais aussi entre les classes sociales et les professions, insiste Maëla NAËL, paysanne et autrice du livre « Fermes Collectives, le guide très pratique », lors de la table ronde.
A propos, en répondant à une question par rapport aux solutions collectives pour faire face à l’enjeu du foncier, Maëla a évoqué la SAFER comme un outil « perfectible » mais « génial », et « à développer au niveau européen » .
Une autre table ronde, le samedi après-midi, a porté sur la violence au travail dans la cuisine et dans les champs. La discrimination, décolonisation des métiers de la bouche … des réflexions à intégrer dans les perspectives des prochaines générations dans nos campagnes.
Le week-end passé ensemble, les discussions autour de plats locaux et européens ont été riches en perspectives, riches en moments de convivialité, et riches en liens humains. En réunissant un échantillon de tous les acteurs impliqués dans l’évolution de nos territoires, l’événement était plein d’énergie, plein d’inspiration pour rester sur le chemin vers un avenir plus socio-écologique et plus européen.
Vivre ce temps fort ensemble. Cette rencontre a permis de créer de nouvelles connexions et de renforcer des liens. Des groupes de travail et des idées pour de nouvelles coopérations au niveau local, régional et européen sont déjà en train de se former. Le besoin de trouver le juste équilibre, de redéfinir le contrat social, et de renforcer mais aussi de s’inspirer de mouvements locaux. Maintenant, c’est l’heure pour tout cela de prendre racine.
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