Une restitution du travail mené au cours des deux années passées s’est déroulée le mardi 14 juin, en présence des personnes impliquées dans le projet « Nos campagnes en résilience ». Passionnés et passionnants, ces acteurs ruraux ont échangé autour des éléments mis en exergue ainsi que sur les prochaines étapes du projet. Rapport par l’équipe « Nos campagnes en résilience ».
Nos campagnes en résilience a vu le jour fin 2020 en pleine crise sanitaire. Face à la pandémie, ainsi qu’à de nombreuses autres crises (climatique, biodiversité, contexte géopolitique …), le projet a fait preuve d’une certaine résilience.
Aller à la rencontre des acteurs ruraux est au cœur de ce projet car ils sont force de propositions d’actions sur leurs territoires. Des recherches-actions ont eu lieu à travers différentes régions rurales de France. Lors des échanges, nous avons découvert de belles initiatives, propres à chaque territoire, menées dans leur contexte particulier, selon les besoins des porteurs de projet, et chacune relevant des défis spécifiques.
ARC 2020 en partenariat avec l’association Forum synergies a organisé la rencontre afin de présenter l’analyse de ces échanges et envisager, ensemble, les chemins à explorer pour la suite. Nous souhaitons co-construire et faire réseau afin de pouvoir aborder les défis à venir collectivement.
Tout en prenant en compte des spécificités de chacune des propositions, 9 thématiques ont été repérées. Chacune est importante. Mais, devant la tâche, nous avons décidé de prioriser certaines d’entre elles et ainsi les approfondir notamment lors de notre rencontre européenne fixée le premier week-end d’octobre.
Le projet : une démarche ancrée sur le terrain
Avec Nos campagnes en résilience, ARC 2020 attache une attention particulière aux paysans et aux acteurs des territoires ruraux afin de comprendre, valoriser et analyser différentes expériences menées en France. Dans un second temps, nous cherchons à les partager au niveau européen en portant un regard socio-écologique.
Toutes les personnes rencontrées osent et expérimentent de nouvelles choses. Au quotidien, elles sont engagées dans la transition, et participent au changement. Convaincues et convaincantes, elles inventent d’autres chemins possibles tout en revendiquant le fait de ne pas être des modèles :
« Nous sommes des propositions, non pas des exemples »
Pour analyser les informations recueillies, la méthode a été basée sur des entretiens peu directifs afin de laisser une grande place à la parole des acteurs et au récit de chacun. Une grille a été construite pour permettre une meilleure lecture des données, d’une part, par initiative et, d’autre part, de façon croisée. Cette grille a été élaborée avec une mise en avant des questions sociales et écologiques.
Plusieurs limites à cette démarche sont à prendre en compte. L’échantillon n’est pas représentatif car les participants ont été contactés par connaissance et n’ont pas été définis de façon précise. De plus, le manque de temps n’a pas permis de se rendre sur d’autres régions de France (Grand est et Nord notamment). La COVID-19 a limité les possibilités de déplacement, et les disponibilités de certaines personnes (maladie, période d’isolement). Entre autres pour ces raisons, il est parfois difficile de maintenir les liens après les rencontres et de mener ce projet conjointement.
Les acteurs : des paysans au profil différent
Les représentations du monde rural ne manquent pas et mènent la vie dure aux nouvelles générations. Le visuel ci-dessus témoigne de certaines remarques auxquelles les participants ont eu droit. Cependant, elles ne traduisent pas la réalité. Nous avons rencontré des personnes heureuses et engagées. Des personnes qui ont tous les pieds sur terre, qui vivent bien de leur travail, qui prennent du temps pour eux et leur famille. Des personnes qui aiment la vie.
Chacun est unique, c’est pourquoi chaque projet est unique et non reproductible. Toutefois, des similitudes et des points communs sont observables.
En se référant à la Fleur de l’Agroécologie, outil proposé par l’association Fermes d’Avenir, toutes les fermes visitées peuvent être qualifiées d’agroécologiques dans le sens où leur approche est à la fois économique, environnementale et sociale. Cependant, il semble plus approprié de parler de sociétal plus que social. Le terme correspondant mieux aux pratiques et aux valeurs véhiculées. En effet, certains ont envie de faire bouger les lignes – non seulement pour eux, mais aussi pour la société. Dans ces approches, on a noté une dominante soit économique, soit environnementale soit sociétale. Liée aux parcours de vie des personnes, cette dominante est importante car elle influe sur la manière d’aborder et de travailler à la ferme, ainsi que sur les outils et les moyens mis en œuvre. Pour mener à bien leur projet, quelques éléments essentiels représentent des clés de réussite :
-
La recherche d’une indépendance financière avec des investissements peu élevés. Ceci limite les risques d’endettement et le lien de dépendance aux banques. Néanmoins, cela peut représenter un frein à la marge de manœuvre et au développement.
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Des fermes à taille humaine
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Une rémunération liée aux productions et au travail et non aux subventions
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Une capacité à se remettre en question et à imaginer des solutions innovantes.
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Une vision globale de l’agriculture avec des orientations claires qui permettent de faire des choix.
Le retour : qu’en disent les participants ?
Les préoccupations sont nombreuses et les questionnements récurrents. Ils sont souvent axés autour de mêmes thématiques. Ces thématiques (voir graphique ci-dessus) ont été mises en débat et ont soulevées de nouvelles questions, tenant compte des paroles de chacun.
Après avoir pris connaissance des réflexions et échangé, nous avons procédé à la priorisation des thématiques : chaque personne en a choisi 3 selon ses envies et besoins, en voici les résultats :
Quelles thématiques souhaitons-nous approfondir ? |
|
Thématiques |
% des participants à la rencontre qui ont priorisé cette thématique |
Le foncier : la guerre de la terre |
45 % |
L’eau : l’or bleu, un bien précieux |
18 % |
Les sols : sa richesse et sa préservation |
18 % |
La transmission : tant de l’outil que des savoir-faire |
18 % |
Le droit à l’expérimentation (imaginer des nouvelles formes de travail ; l’expertise non reconnue ; la nécessité d’accompagnement ; un isolement à briser ; un décloisonnement essentiel) |
27 % |
La question sociale : bien vivre sur son territoire (la transformation du travail ; l’organisation du travail ; la diversification ; le salariat ; l’équilibre entre temps de travail et temps personnel ; l’engagement auprès des publics fragilisés) |
73 % |
L’engagement et les réseaux (politiques, institutionnels, de terrain, d’autres acteurs impliqués, informels …) |
18 % |
La dynamique des territoires ruraux (l’action publique agricole territoriale ; la dynamique environnementale ; l’agriculture et l’éducation ; l’agriculture, un levier pour l’économie ; l’agriculture, un acteur culturel) |
27 % |
La place de l’alimentation dans les dynamiques territoriales : un levier pour la transversalité |
55 % |
A noter : il s’agit d’une consultation des thématiques et non pas d’une décision finale, car la participation de toutes les personnes impliquées n’a pas été possible. |
Les préférences ont été exprimées et la démocratie a parlé :
- la question sociale, et le bien vivre sur son territoire
- l’alimentation, un levier pour la transversalité
- le foncier.
Ces sujets ont été validés par le groupe et seront donc approfondis lors des prochains rendez-vous et rencontres programmées.
La rencontre a aussi été l’occasion de partager des découvertes ou de nouvelles pistes de réflexion comme le droit à l’expérimentation, ou encore la gestion d’eau comme sujet d’avenir. D’autres aspects ont aussi été soulignés comme la dynamique des politiques territoriales, la gouvernance rurale et les paysans, et aussi le regard de l’agriculture sur les 3 volets.
La participation de toutes les personnes impliquées n’a pas été possible, ces acteurs ruraux ayant de nombreux engagements dans le monde associatif. Un constat et un défi à relever pour le projet et ce, depuis le départ. Nous tentons de trouver un juste équilibre afin de ne pas trop les solliciter (particulièrement les paysans, qui mi-juin sont en période de fenaison).
Nous sommes très reconnaissants et remercions les personnes qui nous ont consacrés leur soirée le temps d’une rencontre.
Un moment fort pour le projet
En conclusion, un moment fort pour le projet qui mise sur la co-construction comme valeur forte. Les paroles de ces acteurs ruraux nous ont permis de présenter leurs connaissances, leurs expériences, leurs besoins. Grâce aux participants passionnés, la restitution s’est révélée passionnante.
La suite aura lieu les 30 septembre et 01 et 02 octobre en Loire-Atlantique et cette fois en présentiel ! ARC 2020 en partenariat avec Forum Synergies, Alliance Slow Food des Cuisiniers, la Commune de Plessé, la Ferme des 7 chemins, PEP 44 et 49 concocte un menu pour vivre un temps fort de transition socio-écologique aux saveurs du local et de l’Europe.
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Souhaitez-vous rejoindre cette aventure proposée par ARC2020 ? Soyez les bienvenus pour vous informer, écouter, vous engager ou participer à des rencontres. Il vous suffit d’envoyer un petit mail à Valérie GESLIN, coordinatrice de projet.
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