Nos campagnes en résilience | Cogitations collectives au cœur de la transition socio-écologique

Les membres de l’Alliance des Cuisinier·e·s sont venus de toute la France pour préparer un banquet populaire à la Ferme des 7 Chemins à l’occasion de la rencontre européenne, octobre 2022. Photo: Adèle Violette

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L’association ARC2020 vous invite à découvrir son analyse des recherches-actions menées sur le terrain en France : « Nos campagnes en résilience: Cogitations collectives au cœur de la transition socio-écologique, 2020-2022 ».

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De 2020 à 2022, avec le projet « Nos campagnes en résilience », nous sommes allés à la rencontre des agriculteurs. ARC 2020 a souhaité créer une relation de confiance, comprendre comment ces paysans s’organisent et construisent collectivement leur résilience. Le projet affiche la volonté de les associer et ainsi qu’ils deviennent des acteurs dans les échanges européens.

Nous avons cherché à savoir comment les nouvelles initiatives et projets interagissent. Comment ces initiatives agro-écologiques mettent en commun leurs expériences ? Comment les citoyens, les agriculteurs, se sont-ils organisés, mobilisés pour se préparer à ces nouveaux défis ? Comment sont abordées, collectivement, les notions de bien-être, de solidarité, et de changements de pratiques ? Autant de questionnements et de recherche de solutions collectives que nous avons envie de creuser, analyser, réfléchir ensemble et partager avec les acteurs du monde rural.

Nous sommes attachés au fait que chaque initiative est unique, qu’il n’existe pas « un seul bon modèle » mais que chaque territoire est spécifique et n’est pas reproductible. Cependant, nous sommes convaincus que chaque expérience peut apporter et contribuer à une autre.

En abordant toutes ces problématiques et solutions possibles, le projet donne la parole aux paysans et leur offre l’opportunité d’échanger entre eux, localement et au niveau européen, sur leurs expériences.

La volonté d’ARC a été de valoriser ces agriculteurs et leurs vécus, de réfléchir, avec eux, aux questionnements communs et favoriser le dialogue avec le monde politique européen autour de ces sujets.

A l’issue de tous ces échanges, nous avons repéré les 8 ingrédients indispensables au sein de la transition socio-écologique, selon le vécu des personnes impliquées dans ce projet :

  1. La transition, une aventure collective
  2. Cultiver l’humain et la nature
  3. Des revenus mais … surtout du bien vivre au quotidien
  4. Le local : territoire d’expérimentation et d’innovation
  5. Le décloisonnement pour éviter l’isolement
  6. Le rapport aux politiques
  7. Une vision globale claire et ambitieuse
  8. Une lutte pacifique à construire ensemble, entre générations

La construction d’une nouvelle façon d’envisager la vie à la campagne s’inscrit dans une démarche longue.  Ce projet s’inscrit, en conséquence, dans la durée avec des échanges réguliers, des temps forts.

Ci-dessous nous vous invitons à découvrir le premier chapitre de nos cogitations collectives : « La transition, une aventure collective ».

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Photo: Jeanine Sochas

« Tout seul on va plus vite, ensemble, on va plus loin » – proverbe africain

La transition est une démarche qui ne peut se vivre seule … Le collectif est un point central pour réfléchir, travailler, construire et bien vivre ensemble. Quelle que soit la forme collective choisie, quels que soient l’organisation et le mode de fonctionnement, le collectif est une force où chacun y puise sa source d’idées et de créativité sans pour autant s’y perdre individuellement. 

Le collectif sous toutes ses formes

« C’est le principe de la coopération justement : Toi, tu as besoin de ça, moi, j’ai besoin de cela, mais on mutualise des moyens d’investissements communs. Mais c’est aussi accepter que certains ne fassent pas comme toi. »

Mathieu HAMON, La Ferme des 7 chemins, PLESSE (44) 

 

Depuis les dernières décennies, l’individualisme a été plébiscité, mettant chacun en concurrence et en compétition. Pourtant, le collectif semble faire ses preuves. 

« On est trois associés, ça veut dire que nous sommes trois patrons à travailler […]. Je trouve que ça donne un cadre qui donne envie d’aller travailler, c’est une source de motivation » 

Fanny SERRALONGUE, GAEC La Ferme de l’Auberge, DIVAJEU (26)

 

 

Les GAEC dans le secteur agricole, les SCOP dans l’économie sociale et solidaire, les tiers-lieux dans les territoires ruraux, sont autant d’exemples qui montrent comment la force du collectif initie de nouvelles pratiques et permet l’épanouissement personnel de chacun tout en valorisant le travail commun réalisé.  

« Tu fais partie d’un groupe qui tient compte de toi, de tes besoins, qui se renseigne de savoir où tu en es. »

Vincent PEYNOT, Ferme de Pitoué, CAMPBON (44) 

 

« A partir du moment où l’on est associé, on est forcément impliqué un peu plus. C’est tout de suite plus facile. »

Stéphane AIRAULT, GAEC Le Jardin des Pierres Bleues, VAY (44)

Photo: Christophe Milot

Le collectif organisé

« Il faut avoir la capacité à dégager du temps pour penser collectivement l’organisation sans perdre les pensées politiques. […] Il faut apprendre à faire ensemble. »

Xavier HAMON, artisan-cuisinier

 

Ces organisations nécessitent, de l’organisation, de nouvelles compétences et beaucoup de polyvalence. Les systèmes organisationnels sont négociés et partagés entre porteurs de projets, les compétences mutualisées au service du projet en mettant en exergue la qualité de vie. 

« Il faut revenir à des coopératives autrement ; cela met la pression à chacun. »

Pierre GACHET, GAEC Gachet, BEAUFORT (73) 

 

 

Le collectif renforce les actions et partagent les responsabilités, chacun étant engagé pleinement dans celles-ci. La réussite réside dans l’organisation de ces collectifs, dans leur questionnement autour du fonctionnement et une garantie du processus régulièrement vérifiée et réaffirmée. 

« On tend vers plus de polyvalence pour avoir plus de congés, une vie personnelle »

Fanny SERRALONGUE, GAEC La Ferme de l’Auberge, DIVAJEU (26)

 

 

Des prérequis indispensables

« Tout le monde partage les responsabilités et est garant du fonctionnement : chacun se sent engagé »

Aurélie MEZIERE, maire de PLESSE (44)

 

 

Ces systèmes reposent sur plusieurs prérequis, entre autres, l’autonomie dans le travail. Cette autonomie est revendiquée et permet de prendre sa part dans le projet mené. Elle permet aussi une reconnaissance des compétences de chacun. Cette autonomie renvoie à la confiance mutuelle accordée. Elle s’accompagne, dans la majorité des cas, du partage des responsabilités

« On est presque tous autonomes sur toutes les tâches »

Stéphane AIRAULT, GAEC Le Jardin des Pierres Bleues, VAY (44)

 

Un projet commun

« On devrait voir le bien collectif »

Pierre GACHET, GAEC Gachet, BEAUFORT (73)

 

 

Le collectif, c’est avant tout, partager un projet commun où sont régulièrement réinterrogés les valeurs, la démarche et les buts visés. Chacun participe à ce projet, suivant ses envies et compétences. C’est d’abord, une volonté de faire ensemble et d’initier des propositions différentes où le travail commun est central et présenté comme un atout, un bien commun. 

« Plutôt que de gagner plus, on a fait le choix d’associer plus. »

Stéphane AIRAULT, GAEC Le Jardin des Pierres Bleues, VAY (44)

 

 

S’associer plus que gagner plus pour plus de solidarité, pour permettre à chacun d’avoir une place dans ces territoires, et, pour cela, créer de nouveaux fonctionnements basés sur plus de coopération, de co-construction. 

« Tout ce qui est coopératif comme la coopérative de Beaufort, les magasins de producteurs permettent de se rassembler, de se mettre autour d’une table et avoir un projet commun. » 

Gilles AVOCAT, éleveur ovin retraité (73)

 

« Nous sommes fiers de ce que nous arrivons à réaliser ensemble » 

Inès de RANCOURT, GAEC La Chèvre qui Saoûrit, SAOÛ (26)

Gabriel MOLINA GARCIA, acteur rural espagnol, à la rencontre européenne « Nos campagnes en résilience », octobre 2022. Photo : Adèle Violette

Le collectif participatif

Faire du collectif, c’est participer différemment à construire les territoires de demain. C’est mutualiser les outils et le travail comme les CUMA. C’est créer des outils de transformation comme les coopératives, ou encore créer de nouveaux espaces pour faire ensemble. Chaque forme collective est un enrichissement et donne plus de force et d’énergie aux individus…et il en faudra pour s’adapter et changer nos paradigmes ! 

« Finir avec la démocratie participative mais… participer ensemble à la démocratie »
Participant à la rencontre européenne « Nos campagnes en résilience »

 

 

 

De nombreux réseaux existent en France. Ils fédèrent pour échanger et se former. Chaque réseau est spécialisé et vient en complément d’un autre. 

 

« Le réseau a été capable de se mobiliser pour que nous puissions nous installer. On en est là grâce au réseau donc on s’implique »

Marion HENRY, La Ferme du buis sonnant, PLOUGUERNÉVEL (22)

 

Chacun est libre d’y adhérer pour contribuer à sa vie et à son dynamisme. Réseaux de terrain comme les CUMA ou les CIVAM, politiques ou de coopération comme les AMAP, ils jouent un rôle dans la transition, en initiant, en mutualisant, en interpellant et en valorisant. Leur rôle fédérateur représente un levier essentiel pour tous les acteurs ruraux. 

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Nous remercions tous ceux qui, de près ou de loin, contribuent à ce projet : les bénévoles, les paysans, les acteurs du monde rural. Sans eux, « Nos campagnes en résilience » ne pourrait avoir lieu et n’aurait pas cette dimension humaine qui nous est chère.

De 2023 à 2024, le projet continue. Pour sa deuxième phase, nous portons le regard au-delà de la France. Sa nouvelle appellation, « Rural Resilience », reflète notre souhait de collaborer davantage avec les acteurs d’autres territoires européens, pour être force de proposition collective. Tous ensemble pour un fort impact : cohérence entre politiques publiques dans les zones rurales.

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Souhaitez-vous rejoindre cette aventure proposée par ARC2020 ? Soyez les bienvenus pour vous informer, écouter, vous engager ou participer à des rencontres. Et n’oubliez pas de nous suivre sur les réseaux sociaux pour avoir les dernières nouvelles du projet :  InstagramFacebookLinkedIn et Twitter.

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